mardi 5 mars 2013

PROLIXE (l'anti-bref !)


PROLIXE,
 
C'est le matin - 7h00. Le réveil sonne. J'appuie sur la touche "snooze" une fois. Puis deux. Puis trois. Fichtre (le mot que j'apprends à mes élèves en ce moment), c'est 7h30 ! Je vais arriver à la bourre. Je saute du lit, je déjeune puis je file à la salle de bain. Une douche froide,... Encore ! (ça fait plus d'un mois que ça dure car j'ai pas eu encore le temps de régler le problème). Je cherche mes vêtements et je réfléchis ("si tu as mis ce pull mardi dernier, les élèves de 3ème 4 vont croire que tu ne te changes pas), je réfléchis (et ça ?! Non car tu l'as mis il y a deux semaines avec les 4ème 1), je réfléchis... Au final, je prends le premier truc qui me vient et j'en ai rien à fiche de ce qu'ils pensent ! Je suis prêt à partir. Je fais une dernière vérification: Les cles de l'appart ? Check ! Les cles de la voiture ? Check ! Les cles de mes 8 salles hebdomadaires ? Check ! Les cles USB ? Check. Les polycops de cours ? Pas check du tout mais c'est pas grave on les fera sur place ! Je peux y aller !
 
Je mets tout dans la "malle" de la voiture. Oui, je revendique mes origines du sud-ouest car c'est tout ce qu'il me reste (déjà qu'il n'y a pas beaucoup de soleil dans ce pays et même mon accengggg commence à disparaître... Oh Putaingggg congggg). Je démarre... Je démarre... Je démarre... Rien ! Tornado Clio ne veut pas démarrer. Je lui parle gentiment, j'insiste puis je prie. J'essaye de nouveau... Yes ! ça démarre mais j'ai perdu plus de cinq minutes. Je fonce !!! Non ! je ralentis !!  70 en centre-ville ce ne serait pas "Agir en fonctionnaire de l'Etat de manière ETHIQUE et RESPONSABLE".
 
J'arrive devant les grilles du portail du parking des Profs. Je fais le code. Non! C'est pas le bon. Je refais un nouveau code. Non plus. C'est vrai, ils viennent de le changer pour la 3ème fois car des gamins l'ont trouvé. Je retente mais ce n'est toujours pas ça: le digicode se verrouille. J'appuie sur l'interphone pour qu'on m'ouvre. Le portail s'ouvre. Je me gare. Et je tape un sprint jusqu'à la photocopieuse. Grrr il y a une collègue (toujours la même en plus quand je suis pressé !): "Ne t'inquiète pas, il me reste 75 polycops à imprimer et 10 pages de manuels à photocopier et c'est à toi" . J'ai envie de lui dire: "Eh bé Putaingggg conggggg tu vois pas que je suis pressé ?!" mais finalement je lui dis en serrant les dents: "Je peux attendre..."
RRRRRRRRiiiiiiiiiiNNNNNNNNNNNNNgggggggggggggggggg: ça sonne ! Et merde, j'ai pas mes photocopies ! Tant pis, je ferai sans: ils recopieront !
 
Je vais chercher les élèves dans la cour: personne n'est rangé sur l'emplacement. Du coup j'en croise quelques uns dans la cour et je les engueule. "Mais Monsieur, on ne vous a que cet après-midi !" (Oups. Je me suis trompé de classe !). Finalement, je les trouve. J'attends qu'ils se rangent comme il faut. J'attends...J'attends...J'attends...
J'en ai marre d'attendre je monte dans la salle.
Je dois ouvrir ma salle de classe. J'essaye une cle dans la serrure. C'est pas la bonne. J'essaye l'autre. Toujours pas la bonne. J'en essaye une autre. Toujours pas. Et celle là ?! Merde ! La cle m'a échappé des mains. Du coup, je dois recommencer toutes les cles depuis le début de mon trousseau. Cinq minutes plus tard, la salle est ouverte et j'accueille les élèves sur le seuil. Soixante "Hola" et "Buenos Días" plus tard, je peux enfin rentrer. Je ferme la porte. Il faut que j'en dise un dernier puis un "Sentaos" pour qu'ils s'asseyent.
J'allume l'ordi. Encore un code à rentrer. J'arrive sur l'ENT: encore un code. J'arrive sur Pronote: encore un code pour faire l'appel ! Je fais l'appel: "Bidule ?!" "Sí" "Machin ?!" "OUAIS" "No, se dice sí". Je termine mon appel en cochant les absents. Je démarre mon cours. Et flûte ! Truc-Chouette arrive en retard, je dois me reconnecter pour le décocher en "absent" et mettre en "retard". Je dois de nouveau rentrer le code ! C'était censé nous faire gagner du temps qu'il disait le boss à la réunion de prérentrée. FAUUUXXXX !!!!! 
Le cours redémarre. Ils sont mous, mous, mous et ils baillent. Je les engueule en espagnol: "CHICOS. No es el momento para seguir durmiendo. ¡A despertarse ! ¡Animaos!" Ils me regardent ahuris, ils n'ont rien compris à ce que j'ai dit... Ils font quelques phrases à l'oral, j'en prends quelques unes (les moins nulles) pour faire la trace écrite. Ils la recopient dans leur cahier ou sur une feuille (pour ceux qui ont oublié le cahier).
Sonnerie de fin de cours: ils se lèvent et sont sur le point de partir. Je les engueule et ils se rasseoient car je n'ai pas encore noté les devoirs au tableau.
Je me mets sur le seuil et soixante "adiós" plus tard, j'en ai fini avec cette classe.
 
Une heure de trou, je file à la photocopieuse. La collègue n'est plus là: je peux faire mes photocops ! Encore un code à rentrer ! Pendant ce temps, je regarde mon crédit de photocops restantes que le "Dragon au Trésor" (dixit Superdoc) prend un malin plaisir d'afficher à côté de la photocopieuse. ARGHHHHH
J'ai un trou, je file au Coin Des Incompris (CDI - dixit Superdoc) pour tailler la bavette avec SuperDoc. On dit du mal des élèves: c'est trop bien. Et on en punit certains (ceux qui vont sur facebook sur les ordis ou ceux qui font trop de bruit !).
 
Sonnerie de la récréation: Je cours en salle des profs. Et avec les autres collègues, on continue de dire du mal des élèves et on raconte les idioties qu'ils ont dites en classes ou qu'ils ont écrites sur leurs copies.  On se marre bien !
 
Qu'est-ce qu'on fait ? Et si on disait du mal ?!
 
Ca sonne: reprise des cours. Début du concours du "dernier levé du fauteuil": le prof qui se lève le premier pour monter en classe a perdu ! Je tiens, je tiens, je tiens, je tiens (déjà 3 mn de perdues). Je ne tiens plus ! Je me lève (la collègue d'Anglais a décidé de se lever tout en gardant son siège avec elle...). Le collègue d'anglais gagne toujours. Tiens il s'est fait battre par la collègue de Lettres Modernes... Mais elle a triché: elle n'a pas cours après. On avait pourtant bien expliqué les règles à tout le monde la dernière fois: le ou la collègue qui n'a pas cours après n'a pas le droit de participer au jeu !
 
 
La technique de la collègue d'Anglais pour gagner au concours tout en arrivant à l'heure en cours
 
 
 
Je monte avec mes collègues féminines et on continue de rigoler dans les escaliers. Les élèves, en nous regardant, croient voir  leurs suspicions se confirmer: ProfeZorro se les est toutes tapé !  
 
¡Ay! ¡Olé! ¡Caliente!
 
 
Les élèves attendent dans le couloir. Ils sont mal rangés: je les engueule. Puis j'essaye une clé puis l'autre et puis la troisième jusqu'à ce que la porte s'ouvre et je rembobine comme à l'heure précédente.
 
Dernière sonnerie de la matinée: j'ai faim ! Je file au self avec les collègues tout en rigolant et en doublant tous les élèves: eh oui, on vous supporte à longueur de journée alors on a bien droit à quelques avantages. Et puis, rien que pour vous embêter on va prendre un dessert supplémentaire pour que vous ayez bien "le SEUM" (mouahahahahh- rires machiavéliques des profs).
Au self, je retrouve Abuelita (ma profesoeur jumelle à quelques années près). On continue de rigoler, de dire du mal des élèves. On prévoit de regarder un épisode de la saison 2 de Once Upon A Time sur le TNI de sa salle le lendemain. Il nous tarde !
 
Nom de code: "Réunion de Travail: du conte traditionnel au conte moderne" (mais chut ! certains collègues croient qu'on fait de vraies réunions chaque semaine !)
 
 
Puis la rubrique "blagues cochonnes" commence ! On a très peu de temps avant l'arrivée du Dragon. On rigole, on glousse: c'est la grosse poilade !
 
"BOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNJJJJJJJJJJJOOOOOOOUUUUUUUURRRRRRRRRR !!!!!! BON APPETIT A TOUS !!!!!!" : ça c'est Reparator qui vient d'arriver. Il nous signale par un code top-secret que le dragon n'est pas loin et qu'il faut se calmer... La rubrique "blagues cochonnes" est officiellement close.
 
Le repas se termine. On se retrouve en salle des profs et on se paye des cafés (mais moi j'aime pas, je préfère le chocolat !). C'est l'exutoire du midi-deux: on chante, on danse, on met la musique des ordis à fond. La dernière trouvaille ?! Une super choré de  "Miss Newlook" (une super prof d'anglais) sur l'air "Put your ass up in the air" (olé !). On a également fait un Harlem Shake et du karaoké.
 
La sonnerie de reprise des cours sonne. Tout le monde fait du boudin: nouveau concours du "dernier levé" commence ! 
 
Je monte en classe: nouvel étage, nouvelle salle, nouvelle clé, nouvelle serrure et nouveaux élèves (mais ça, c'est pas important).
Mais ce qui est fun c'est que je suis à côté de "Miss  Newlook": et le concours de la plus grosse engueulade de la fin de journée de 16 à 17h00 est officiellement ouvert.
Je regarde ma salle: 28 places pour 29 élèves (l'administration n'a pas bien calculé avec les regroupements de classes que les élèves seraient plus nombreux en espagnol qu'en classe entière pour la plus grande joie de leur professeur !). Je dérange le cours de Miss Newlook et je lui pique une table.
Les cours commencent: on gronde, on gronde, on gronde !
Puis, la moutarde monte au fil des heures. Miss Newlook joue au lassot avec son cordon de souris, attrape un vilain monstre et me l'envoie dans ma salle. On lui trouve une place quelque part. "Je vous préviens, si vous lui parlez alors qu'il a du travail à faire je vous punis à vous aussi !!!". Le vilain petit monstre ne fait pas trop son travail mais suit le cours d'espagnol (tant qu'il ne le dérange pas ^^).
Et les cours continuent: on gronde, on gronde, on gronde (avec au passage quelques relevés de carnets).
 
L'éducation par l'exemple
 
 
Sonnerie de la récréation: Chouette ! Je pousse les derniers élèves qui traînent dans la salle et qui veulent me cirer les pompes vers la sortie car ils risquent de me faire perdre ma récréation !!! Je ferme la porte (la bonne clé du premier coup: youpi !!!) et je rejoins Miss Newlook dans sa salle. On fait la grosse voix sur ses petits sixièmes qui traînent et qui mettent une heure à ranger leurs affaires et à quitter la classe. Et on sprinte jusqu' à la salle des profs !
Avec les autres collègues: on rit, on boit (du café, du thé et du chocolat... pour le reste, c'est exclusivement le week-end). Je parle avec S.S (Super Staline) la super prof d'histoire trop cool et que les élèves craignent. Elle a décidé de coller les élèves une heure chaque fois qu'ils disent: "j'ai fait quoi ?" "Qu'est-ce que j'ai fait ?!" "Ya pas que moi !". C'est trop bien ! Je vais faire pareil !!!
 
Sonnerie de reprise des cours: tout le monde fait la tête. Mais: nouveau concours du "dernier levé".
 
On remonte et on rembobine à nouveau.
 
C'est la fin de la journée. Il ne reste plus qu'à ranger la salle, se déconnecter  et rentrer chez soi pour.... REMPLIR LILIE !!!!
 
 
Prolixe, c'était un jour dans ma vie: la vie de ProfeZorro !
 
Un día en mi vida (pero en inglés)

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