lundi 20 juillet 2015

Premier cours de formation "Conduite de classe" du PAF dans ta gueule.

à tous ceux qui ont suivi, suivent et suivront des formations "conduite de classe".


[NDLR: L'ensemble des conseils qui suivent existent vraiment: ils ont été dispensés en formation du PAF ou ont été édités dans des ouvrages spécialisés. ProfeZorro les a rassemblés ci-après dans un but purement humoristique]


Une classe exemplaire et studieuse !

Formateur en pédagogologie: Vous êtes enseignant(e) ? Vous exercez dans un établissement difficile ? Vous faites face à des  élèves horribles difficiles ? Ne sombrez plus dans la dépression ! Il existe des solutions (pour que ça empire...). Nous allons ENFIN vous révéler plein de bons conseils (ou pas !) prodigués par le Ministère, les formateurs du PAF dans ta gueule et dans des ouvrages de référence ! C'est parti !

Tout d'abord, nous allons faire une carte heuristique ou carte mentale. J'écris sur le tableau "Élève difficile". Je vous distribue des post-it et vous allez écrire dessus tous les mots qui vous viennent à l'esprit. Ensuite vous irez les coller chacun votre tour au tableau.

Deux heures plus tard...

Formateur en pédagogologie: Bien, nous en sommes à la moitié de la formation. Nous avons réussi à définir ce qu'est un élève difficile. Au point de vue psychologique et psychique, c'est avant tout un adolescent en construction, en maturation, en équilibre précaire qui se cherche. Il traverse souvent une période de mal-être. Il va expérimenter des transgressions.
Et ce n'est pas SA faute ! Son cerveau est encore en développement et sous le contrôle de l'amygdale, le centre émotionnel cérébral, qui va entraîner de surcroît une exacerbation de la sensibilité.
Le cerveau du jeune se caractérise par un niveau exponentiel de dopamine et une faible présence de sérotonine (l'hormone de l'apaisement). Donc, quand il vous traite de "Sale pute", Madame, ne le prenez pas personnellement. Ce n'est pas votre personne qu'il insulte mais votre statut d'enseignant voire l'institution. Répétez-vous mentalement lorsqu'un élève vous insulte ou vous manque de respect: "ce n'est pas ma personne qui est insultée mais l'institution".
Passons à présent à la partie qui vous intéresse le plus. Les astuces !!! 
Voici quelques astuces trouvées ici et là. Certaines nous proviennent du Ministère de l'Education Nationale, d'autres nous proviennent de formateurs et d'ouvrages de référence en matière de pédagogologie.
Le formateur allume son vidéo-projecteur.

1- La technique du "Super- Finger"


Avec deux doigts, sinon ça ne marche pas !


Formateur en pédagogologieUn élève bavarde, chahute et se retourne. Il s'amuse. Que faire ? Certains diront qu'il s'ennuie pendant votre cours. Nous verrons plus tard comment lutter contre l'ennui. Personne ne voit ? C'est simple pourtant.

Utilisez vos doigts ! Non ! Pas pour lui crever les yeux, Monsieur (pauvre petit !) ! Mais pour le calmer. Il suffit de vous avancer vers lui et de poser deux doigts sur sa table. La table, pour employer les termes de Monsieur Clerc (Formateur en Tenue Magique de classe), est un objet transitionnel entre l'élève et le professeur. La table va aider à avoir du contrôle sur les élèves. Mais plutôt qu'un long discours, passons aux images. Je vous propose une vidéo de son interview. Il s'agit d'un extrait du DVD "Tenue de classe" du CNDP distribué à tous les stagiaires de l'académie pour leur entrée dans le métier. Mais vous pourrez trouver d'autres ressources sur le site suivant: http://www.cndp.fr/tenue-de-classe/ressources.html


Formateur en pédagogologie: Imaginez plutôt la situation.

Petits monstres, horrifiés: Attention ! SILENCE !!!!! Il va poser ses deux doigts sur la table...

2- La phrase "JE" au lieu du "TU" qui "TUE"


Formateur en pédagogologieSi nous reprenons le même élève que précédemment. Nous avons cet élève qui bavarde et qui se retourne. Vous êtes tentés de lui répondre quoi ?! Oui ?! Le Monsieur, au fond de la salle, qui est en train de corriger ses copies au lieu d'écouter la déformation. Oui, c'est bien à vous que je m'adresse. Avez-vous une idée ?!

Monsieur du fond: Ben, je lui dis: "Tais-toi ! Retourne-toi et écoute !"

Formateur en pédagogologie: Quel manque de tact, Monsieur ! Et que de violence dans vos propos ! Vous n'avez même pas expliqué à cet élève vos émotions, ce que vous ressentez. Vous vous devez de vous justifier à chaque instant au lieu d'être tout de suite dans l'ordre. Vous employez tout de suite ce "TU" qui "TUE": Tu te tais ! Tu te retournes ! Tu écoutes !
Non... ! Avant de passer par le "TU", il faut d'abord passer par le "JE". Cette technique s'appelle la phrase "Je". Elle se déroule en 6 étapes:

1ere étape: Exprimer son ressenti, ses émotions  avec le "Je".

"Je suis ennuyé(e) [...]", "Je suis dérangé(e) [...]", "Je suis attristé(e) [...]", 

2ème étape: Employer le "tu" pour revenir sur l'écart de conduite de l'élève.

" [...] lorsque tu parles [...] ", " [...] lorsque tu te retournes [...]"
.
3ème étape: Justifier en quoi cet écart de conduite est préjudiciable pour l'élève et la classe.  

" [...] car tu n'es pas concentré et tu risques de ne rien comprendre. De plus, tu risques de déranger tes camarades qui suivent."

4ème étape: Exprimer votre souhait au conditionnel. N'utilisez surtout pas d'impératif (le "tu" qui "tue").

"J'aimerais que tu écoutes et que tu essayes de t'intéresser au cours."

5ème étape: Énumérer tous les avantages qu'il en tirerait

"Ainsi, tu pourras progresser et avoir de meilleures notes aux évaluations." 

6ème étape: Donner la parole à l'élève.

"Qu'en penses-tu ?"

Voilà ! C'est tout de même mieux qu'une agression verbale avec des impératifs. De plus, cela fait réfléchir l'élève sur sa conduite. Vous avez des questions ?

Monsieur du Fond, levant les yeux de ses corrections: La phrase "Je". Mais il n'y a pas qu'une phrase. Si j'ai bien compté, il y en a cinq !

La dame en train de se servir un café: Et s'il y en a trois qui discutent. On doit s'adresser individuellement à chaque élève ? Ça risque de durer longtemps... On fait cours quand du coup ?!

Formateur en pédagogologie: Passons tout de suite aux autres astuces ! Celles-ci sont extraites d'un ouvrage de référence en la matière. Il s'agit de Elèves  difficiles ? Osez les ruses de l'intelligence d'Yves Guégan (Ancien professeur de lettres et actuellement psychosociologue, formateur des enseignants de CFA) aux éditions ESF.

Dans ce livre, l'auteur nous présente ses propres astuces mais aussi des témoignages d'autres collègues.




3- Lutter contre l'ennui

Formateur en pédagogologie: Comme le dit l'auteur dans son ouvrage en page 41, "la routine est un ennemi redoutable. Elle a le don de distiller l'ennui et de rendre les élèves soit trop agités, soit trop endormis".
L'auteur nous propose ensuite le témoignage de Fabien, professeur de collège (mais lequel ?!) qui a décidé de pimenter ses cours avec des chaussettes en guise de marionnettes !!!
Ce professeur explique qu'il a commencé avec une chaussette blanche sur laquelle il a dessiné une bouche, des yeux et quelques traits pour figurer des cheveux. 
La première fois qu'il a sorti la chaussette, sa classe de cinquième était très endormie. Il a donc pris une voix de chaussette (ce sont ses termes !) pour exprimer son mécontentement. La chaussette est donc, comme la table du super-finger, un objet transitionnel entre le professeur et les élèves.  Ses élèves ont beaucoup rigolé et il a interpellé avec sa voix de chaussette les rieurs.
Par la suite, l'enseignant a utilisé sa chaussette pour donner les consignes, sermonner un élève ou expliquer de nouveau un passage mal-compris (c'est quand même plus fun avec une marionnette !).
Depuis, il a trouvé d'autres partenaires à la chaussette: 
- un Snoopy triste et endormi (il pleure et il demande sa mère) avec lequel il dialogue lorsque les élèves n'ont pas fait leur travail ou lorsqu'un élève boude. Personnellement, j'aurais plutôt choisi Droopy mais vous êtes libres de choisir la marionnette de votre choix. Liberté pédagogique !
- une marionnette méchante avec des dents pointues qui l'agresse dans un langage incompréhensible. 
Parfois ses élèves viennent en classe avec des marionnettes. Alors il sort la sienne et ils dialoguent quelques instants ensemble avant de déclarer que les deux marionnettes vont se coucher. Bah oui, il faut quand même faire cours...


Guignol, votre nouvel allié !


Monsieur du fond, ricannant: J'imagine bien la scène quand je suis en train de me faire inspecter...!!! Mouahahaha. Remarque, à ma décharge je réponds à l'inspecteur que c'est écrit dans un livre de pédagogie et que je travaille la compétence 10 du Cahier des Charges des Enseignants "Se former et Innover".

La dame en train de se resservir un café: Peut-on frapper les élèves avec le bâton de Guignol ?! S'il dit quelque chose, je n'ai qu'à répondre que ce n'est pas moi mais Guignol qui l'a tapé...

4- Les insultes

Formateur en pédagogologie: Euhh sans transition,  nous allons passer à présent aux insultes.
Quand vous vous faites insulter vous pouvez décider soit de réagir à froid: "Tu viendras me voir à la fin du cours" soit de procéder via un traitement à chaud qui demande de la répartie.
Pour le traitement à chaud, sachez vider votre réponse de toute charge agressive et répondez de manière décalée quitte à surprendre l'élève.
Je cite l'auteur, page 105 de son ouvrage (cliquez sur la photo pour agrandir):

Ah non ! On ne touche pas à ma mère !

Nous trouvons également un autre exemple cocasse en page 82 pour "ta mère la pute !", il vous suffit de répondre: "Comment tu sais ? Tu as vu son camion ?". Personnellement, j'aurais répondu: "Pourtant Papa n'a rien eu à payer...".


5- Le Pardon et l'Amour

Formateur en pédagogologie: 
Pour terminer cette (dé) formation,  je vous parlerai de l'ouvrage de Louise Hay,  chef de file du New Age, auteur de Transformez votre vie: Une pensée positive peut changer votre vie aux éditions Marabout.



Celle-ci nous explique à la page 27 que "chaque fois que nous sommes malades, nous devons sonder notre cœur pour voir à qui nous devons accorder notre pardon. Il est dit dans le cours sur les miracles que "Toutes les maladies, proviennent du refus de pardonner" et que "chaque fois que nous tombons malades, nous devons chercher au fond de nous la personne que nous devons pardonner"" [...] Il est possible que nous ne désirions ou ne sachions pas pardonner ; mais le simple fait de dire que nous y sommes disposés déclenche le processus de guérison".

Alors pour illustrer les propos de Louise Hay, un élève devient vraiment insupportable avec vous à vous rendre complètement malade. Vous vous êtes mis en arrêt. Puis vous êtes allé(e) voir votre médecin pour lui demander une prolongation car vous ne voulez plus reprendre le travail. Pardonnez à cet élève et ça ira beaucoup mieux ! Louise Hay nous propose de nous répéter plusieurs fois mentalement cette phrase:
"Je te pardonne de ne pas avoir été comme je le voulais. Je te pardonne et te rends ta liberté." Cette affirmation nous libère puisque l'Univers s'occupe du reste !

En page 110, Louise Hay revient sur la technique d'Emmet Fox pour dissoudre la rancœur.  Vous devez vous asseoir calmement et fermer vos yeux tout en relaxant votre esprit et votre corps. Vous imaginez ensuite que vous êtes assis dans un théâtre sombre face à une scène. Sur scène, placez-y la personne que vous détestez le plus appartenant à votre passé ou à votre présent. Une fois que vous la voyez clairement, imaginez qu'il lui arrive des choses agréables, voyez-la heureuse et souriante.  Gardez cette image à l'esprit quelques minutes, puis laissez-la disparaître. Cet exercice permettra de dissoudre tous les petits nuages noirs de la rancœur qui sommeillent en vous.

Cette technique marche aussi avec votre chef d'établissement, votre IA-IPR, votre conjoint, vos enfants, vos beaux-parents ! N'oubliez pas "Je t'aime, je te pardonne" vous libèrera.


Le temps passe si vite...! Nous arrivons à la fin de votre (dé)formation. J'espère que vous êtes maintenant tous prêts à affronter vos élèves difficiles comme il se doit: en étant à la fois autoritaires (fingers !), rusés, mais avant tout, débordants d'amour et de pardon. Ce n'est pas leur faute. Aimons-les et pardonnons-les...!

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